4/30/2016

Café Maldaner, 68187 Wiesbaden "Le sort de la femme est lié à mon avenir, à l'avenir des miens"

I cite again Kamel Daoud's letter withdrawing himself from journalistic comments after the harsh reply of 12-or-so sociologues at French universities who accused him of "islamophobia" after his letter in Le Monde regarding  the Saint Sylvestre-New Year's harrassment of women in Cologne.

Perhaps I was thinking, while I look for jobs in Germany and visiting this Café in Wiesbaden, how ironic it is that Adam Shatz writes from New York, of Woody Allen's "Cafe Society" fame. 
Le sort de la femme est lié à mon avenir,
  à l'avenir des miens  »
PAR KAMEL DAOUD
c
her ami, j'ai lu avec attention ta lettre, bien sûr. Elle m'a touché par sa générosité et sa lucidité.

Etrangement, ton propos est venu con­forter la décision que j'ai prise au cours des derniers jours. J'y ai surtout retenu l'expression de ton amitié tendre et complice malgré l'inquiétude. je vou­drais cependant répondre.

rai longtemps écrit avec le même es­prit qui ne s'encombre pas des avis d'autrui quand ils sont dominants. Cela m'a donné une liberté de ton, un style peut-être mais aussi une liberté qui était insolence et irresponsabilité ou audace. Ou même naïveté. Certains aimaient cela, d'autres ne pouvaient l'accepter. J'ai taquiné les radicalités et essayé de défendre ma liberté face aux clichés dont j'avais horreur.

J'ai essayé aussi de penser. Par l'article de presse ou la littérature. Pas seule­ment parce que je voulais réussir mais aussi parce que j'avais la terreur de vivre une vie sans sens. Le journalisme, en Al­gérie, durant les années dures m'avait assuré de vivre la métaphore de l'écrit,le mythe de l'expérience,

rai donc écrit souvent, trop, avec fu­reur, colère et amusement. J'ai dit ce que je pensais du sort de la femme dans mon pays, de la liberté, de la religion et d'autres grandes questions qui peuvent nous mener à la prise de consciente, à l'abdication ou à l'intégrisme, selon nos buts dans la vie. Sauf qu'aujourd'hui, avec le succès médiatique, j'ai fini par comprendre deux ou trois choses.

D'abord que nous vivons désormais une époque de sommations. Si on n'est pas d'un côté, on est de l'autre; le texte sur «Cologne» j'en avais écrit une par­tie, celle sur la femme, il y a des années. A l'époque, cela n'a fait réagir personne ou si peu. Aujourd'hui, les temps ont changé: des crispations poussent à in­terpréter et l'interprétation pousse au procès. J'avais écrit cet article et celui du New York Times début janvier; leur suc­cession dans le temps est donc un acci­dent et pas un acharnement de ma part. J'ai écrit poussé par la honte et la colère contre les miens et parce que je vis dans ce pays, dans cette terre. J'y ai dit ma pensée et mon analyse sur un aspect que l'on ne peut cacher sous prétexte de «charité culturelle».

je suis écrivain et je n'écris pas des thè­ses d'universitaire. C'est une émotion aussi. Que des universitaires pétition­nent contre moi aujourd'hui, à cause de ce texte, je trouve cela immoral: parce qu'ils ne vivent pas ma chair ni ma terre, et que je trouve illégitime sinon scandaleux que certains me pronon­cent coupable d'islamophobie depuis des capitales occidentales et leurs ter­rasses de café où règnent le confort et la sécurité. Le tout servi en forme de pro­cès stalinien et avec le préjugé du spé­cialiste: je sermonne un indigène parce que je parle mieux que lui des intérêts des autres indigènes et postdécolonisés. Cela m'est intolérable comme posture. je pense que cela reste immoral de m'of­frir en pâture à la haine locale sous le

verdict d'islamophobie qui sert aujourd'hui aussi d'inquisition. je pense que c'est honteux de m'accuser de cela en restant bien loin de mon quotidien et celui des miens. a

L'islam est une belle religion selon l'homme qui la porte, mais j'aime que les religions soient un chemin vers un dieu et qu'y résonnent les pas d'un homme qui marche. Ces pétitionnaires embusqués ne mesurent pas la consé­quence de leurs actes sur la vie d'autrui.

Cher ami, j'ai compris aussi que l'épo­que est dure. Comme autrefois l'écrivain venu du froid, aujourd'hui l'écrivain venu du monde dit «arabe» est piégé, sommé, poussé dans le dos et repoussé. La surinterprétation le guette et les mé­dias le harcèlent pour conforter qui une vision, qui un rejet et un déni. Le sort de la femme est lié à mon avenir, à l'avenir des miens. Le désir est malade dans nos terres et le corps est encerclé. Cela, on ne peut pas le nier et je dois le dire et le dé­noncer. Mais je me retrouve soudaine­ment responsable de ce qui va être lu se­lon les terres et les airs. Dénoncer la thé­ocratie ambiante chez nous devient un argument d'islamophobe ailleurs.

Est-ce ma faute? En partie. Mais c'est aussi la faute de notre époque. C'est ce qui s'est passé pour la tribune sur « Colo­gne». je l'assume mais je me trouve dé­solé pour ce à quoi elle peut servir comme déni d'humanité de l'Autre. L'écrivain venu des terres d'Allah se trouve aujourd'hui au centre de sollici­tations médiatiques intolérables. je n'y peux rien mais je peux m'en soustraire: par la prudence, comme je l'ai cru, mais aussi par le silence comme je le choisis désormais.

je vais donc m'occuper de littérature et, en cela, tu as raison. J'arrête le journa­lisme sous peu. je vais aller écouter des arbres ou des cœurs. Lire. Restaurer en moi la confiance et la quiétude. Explo­rer. Non pas abdiquer, mais aller plus loin que le jeu de vagues et des médias. je me résous à creuser et non déclamer.

J'ai pour ma terre l'affection du désen­chanté. Un amour secret et fort. Une passion. J'aime les miens .et les cieux que j'essaye de déchiffrer dans les livres et avec l'œil la nuit. je rêve de puissance, de souveraineté pour les miens, de cons­cience et de partage. Cela me déçoit de ne pas vivre ce rêve. Cela me met en co­lère ou me pousse au châtiment amou­reux. je ne hais pas les miens, ni l'homme en l'autre. je n'insulte pas les raisons d'autrui. Mais j'exerce mon droit d'être libre. Ce droit a été mal interprété, sollicité, malmené ou jugé. Aujourd'hui, je veux aussi la liberté de faire autre chose. Mille excuses si j'ai déçu, un mo­ment, ton amitié cher Adam.

Et si je rends publique cette lettre aujourd'hui, c'est parce qu'elle s'adresse aux gens affectueux de bonne foi comme toi.Et surtout à toi. •
                        Created by Readiris, Copyright IRIS 2009
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un écrivain /1 est lauréat du prix
du premier roman                pour« Meursoui',
(OI")trE'-f'11n1J!PtP " (Actes Sud, 2014)

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4/23/2016

Cafe de Flore شنفراء

Je commente ici sur un peut être curieux tournant de Philippe Lancon dans son lit d'hopital ou il se remet toujours après les attentats 7 février 2014 a Charlie Hebdo.

Avec tout les discours sages sur le "siècle des lumières" voila cette citation de L de Jaucourt qui loue la pudeur, exactement comme les salafistes et la jeune génération de musulmans  en France le font aujourd'hui.

Intéressant ceci, en particulier: "Mais porter le foulard n'est pas porter le voile, et porter l'un ou l'autre dans un pays comme les États¬Unis, où l'on n'est pas sommé de justifier politique¬ment son mode de vie, n'a pas le même sens que le porter ici. Les femmes à voile hexagonales sont, de ce point de vue, beaucoup plus françaises qu'elles ne croient: elles politisent tout ce qu'elles portent; et, si elles ne le font pas, d'autres le font pour elles."


13 avril 2016 ! CHARLIE HEBDO 1238 p.11

ATTENTAT PAR LA PUDEUR
h! La pudeur ... Ce merveilleux attribut féminin. Le troisième sein des femmes, en quelque sorte. Il naît dans les choux,

comme les enfants, ou dans les coquillages comme la Vénus de Botticelli. C'est Monsieur qui cultive les uns et ramasse les autres. j'ouvre y Encyclopédie, ce recueil du XVIII' siècle, et lis l'article consacré à un terme que certains couturiers et amis politiques des femmes à voile - à moins qu'ils ne le soient plu¬tôt de leurs maris à longue barbe, ces damnés de la coiffe) - semblent vouloir remettre sur le tapis à prières. Il a été rédigé par Louis de Jaucourt, l'un des tâcherons du grand dictionnaire.
Voici le début: "C'est IHle honte naturelle, sage et honnête. une ,-rainte secrète. !UN CHAMP DE CACTUS ET DE SUSCEPTIBILITÉS
Mais, au fait, pourquoi la femme devrait-elle seule porter cette charge et cette mission? Ladjec¬tif «naturel» le dit : à cause de la nature, voyons! La femme porte la pudeur comme elle porte les gosses, c'est dans l'ordre des choses: «L'idée de la pudeur n'est point une chimère, un préjugé populaire, une tromperie des lois et de l'éducation. Tous les peuples se sont également accordés à attacher du mépris à l'incontinence des femmes; c'est que la nature a parlé à toutes les nations.» Ce texte est vieux, dépassé bien sûr. Depuis lors, bien des philosophes et his¬toriens ont réfléchi et perturbé l'idée de pudeur. Dépassé, vraiment? Le sens de l'Histoire, comme on sait, n'est pas linéaire. Il agit en spirale et agglo¬mère aux vieilles lunes de nouvelles, qui ne le sont déjà plus au moment où elles paraissent éclipser les précédentes.
Aucun intellectuel ou ami occidental du voile pour femmes des peuples opprimés n'ose¬rait aujourd'hui défendre celui-ci au nom de la «pudeur féminine» : ils auraient trop peur de pas¬ser pour ce qu'il leur arrive d'être, de petits pères la vertu. Ils voilent le concept, si j'ose dire, avec les
mots de complexité, de respect, de misère sociale, de libre choix, de révolte. On les connaît depuis longtemps, depuis toujours: ce sont les ennemis de l'humanisme, cet ectoplasme bourgeois. Ceux à qui on ne la fait pas. Ennemis de l'humanisme, ils le sont toujours pour les meilleures raisons du monde - d'un monde meilleur, généralement, où les classes et les races seront abolies. Mais ils le sont. Les uns sont pervers et manipulateurs, les autres, naïfs et saturés de bons sentiments. Ils semblent ne pas croire aux valeurs qui leur permettent de vivre et de s'exprimer.
j'ai trop voyagé en Amérique et en Orient pour être gêné par les femmes à voile. j'ai même lu, à une époque, le texte de l'orientaliste Louis Massignon qui explique la beauté conceptuelle, les ambiguïtés et les subtilités de ce bout de tissu. j'ai une grande amie, américaine palestinienne, dont la sœur est une journaliste militante particulièrement efficace sur une chaîne indépendante du Minnesota. Elle et ses collègues dénoncent avec succès les excès de pouvoir. Elle est leur figure de proue. Elle est couverte. Cela ne gêne personne, cela ne me gêne pas. Mais porter le foulard n'est pas porter le voile, et porter l'un ou l'autre dans un pays comme les États¬Unis, où l'on n'est pas sommé de justifier politique¬ment son mode de vie, n'a pas le même sens que le porter ici. Les femmes à voile hexagonales sont, de ce point de vue, beaucoup plus françaises qu'elles ne croient: elles politisent tout ce qu'elles portent; et, si elles ne le font pas, d'autres le font pour elles.
Mais la tolérance s'applique d'abord aux phénomènes qu'on aime peu ou qu'on n'a pas envie d'expérimenter. Je n'aime pas le voile, dont les significations sont pour moi très claires, mais je l'accepte sans problème jusqu'au coin de ma rue. Je ne crois jamais avoir regardé de travers, ou même différemment, une femme qui le porte: croiser son regard me suffit. j'accepte le port du voile, mais je ne veux pas qu'on me prêche qu'il est un signe de progrès, de jeunesse, d'autonomie ou de liberté. Parlerai¬je d'aliénation, comme au bon vieux temps du marxisme? Je le ferais volontiers, mais cela aussi est devenu difficile: employer ce terme ferait de moi un bonhomme en surplomb, qui ne se croit pas aliéné et distribue ses jugements depuis le haut de son arbre. La démocratie française en est arrivée à ce point de colère, d'individuation et d'inculture où désigner. la servitude des autres ne peut plus être perçu que comme une manière de s'en exo¬nérer. Nous vivons dans un champ de cactus et de susceptibilités.
Concluons avec le brave Jaucourt. Dans la fin de son article, il mettait un peu de vin - un peu, seulement - dans son eau bénite: «Il est heureux de vivre dans nos régions tempérées, où le sexe qui a le plus d'agrément embellit la société, et où les femmes pudiques se réservant aux plaisirs d'un seul, servent encore à l'amusement de tous.» Vieux macho, va. -
A


    

4/19/2016

Fishawi, Jeddah

Pensant a Hannibal traversant les Alpes peut-etre Munich a Innsbruck, lisant PAW




In 1880, the bicycle, with its wildly mismatched wheels, was transforming human locomotion, at least among those wealthy enough to own one - and brave enough to ride it. At Princeton, a bicycle club had been formed the previous year, although, as The Princetonian observed, "the number of enthusiastic novices to be found about the campus, engaged alternately in mounting the vehicle and picking themselves up from the ground, is small."
This did not deter the borough
of Princeton from taking steps to ban the bicycle, inspired perhaps by New York, where, to quote the Times, "its speed and its knock-down powers compel City authorities to prohibit its use on ordinary thoroughfares." On Jan. 16, the ban provoked a satirical response from The Princetonian. "Bicycling contributes scarcely at all to the prosperity of commercial and industrial Princeton .... The narrow-minded vehicle consumes only a little oil. So it is apparent what a natural thing it would be for the city fathers to rise in righteous indignation at so selfish a sport, and, as
unfortunately happened to be in their power, suppress it."
By the spring, as the weather warmed and roads grew firm, criticism grew more pointed. On April 9, the ordinance's constitutionality was questioned. "There are several students in College now owning machines, who are very anxious to ride, and many others would speedily purchase bicycles if this stupid law was repealed .... Here then is an opportunity for the lawyers to once more come to
our aid, and by testing the ordinance
or having it repealed, confer a favor
on those who enjoy this exercise, and who wish to have it grow in favor as a College sport."
Perhaps the prospect oflegal action was enough to soften the borough's heart, for on April 21, the ban on bicycles was lifted, fostering a mode of transport that a few years later blossomed with the coming of the "safety bicycle" we know today .•
John S. Weeren is founding director of Princeton Writes and a former assistant University archivist.

Café de Flore, l'"anti-Daoudisme"

Cet article dans le Monde du Dimanche 21-Lundi 22 Fevrier avec l'article de Kamel Daoud se retirant du journalisme:
"Difficile d'imaginer que tu pourrais croire ce que tu as écrit" par ADAM SHATZ

L'artcle de Kamel Daoud, "Le sort de la femme est lié à mon avenir, à l'avenir des miens," sera suivi par l'itroduction,par SERVICE DEBATS du journal, Le Monde, sur l'article de K Daoud le 21 février, et l'article d'Adam Shatz dans le New York Times et publié dans LeMonde:


   
à l'avenir des miens »
PAR KAMEL DAOUD
c
her ami, j'ai lu avec attention ta lettre, bien sûr. Elle m'a touché par sa générosité et sa lucidité.

Etrangement, ton propos est venu con­forter la décision que j'ai prise au cours des derniers jours. J'y ai surtout retenu l'expression de ton amitié tendre et complice malgré l'inquiétude. je vou­drais cependant répondre.

rai longtemps écrit avec le même es­prit qui ne s'encombre pas des avis d'autrui quand ils sont dominants. Cela m'a donné une liberté de ton, un style peut-être mais aussi une liberté qui était insolence et irresponsabilité ou audace. Ou même naïveté. Certains aimaient cela, d'autres ne pouvaient l'accepter. J'ai taquiné les radicalités et essayé de défendre ma liberté face aux clichés dont j'avais horreur.

J'ai essayé aussi de penser. Par l'article de presse ou la littérature. Pas seule­ment parce que je voulais réussir mais aussi parce que j'avais la terreur de vivre une vie sans sens. Le journalisme, en Al­gérie, durant les années dures m'avait assuré de vivre la métaphore de l'écrit,le mythe de l'expérience,

rai donc écrit souvent, trop, avec fu­reur, colère et amusement. J'ai dit ce que je pensais du sort de la femme dans mon pays, de la liberté, de la religion et d'autres grandes questions qui peuvent nous mener à la prise de consciente, à l'abdication ou à l'intégrisme, selon nos buts dans la vie. Sauf qu'aujourd'hui, avec le succès médiatique, j'ai fini par comprendre deux ou trois choses.

D'abord que nous vivons désormais une époque de sommations. Si on n'est pas d'un côté, on est de l'autre; le texte sur «Cologne» j'en avais écrit une par­tie, celle sur la femme, il y a des années. A l'époque, cela n'a fait réagir personne ou si peu. Aujourd'hui, les temps ont changé: des crispations poussent à in­terpréter et l'interprétation pousse au procès. J'avais écrit cet article et celui du New York Times début janvier; leur suc­cession dans le temps est donc un acci­dent et pas un acharnement de ma part. J'ai écrit poussé par la honte et la colère contre les miens et parce que je vis dans ce pays, dans cette terre. J'y ai dit ma pensée et mon analyse sur un aspect que l'on ne peut cacher sous prétexte de «charité culturelle».

je suis écrivain et je n'écris pas des thè­ses d'universitaire. C'est une émotion aussi. Que des universitaires pétition­nent contre moi aujourd'hui, à cause de ce texte, je trouve cela immoral: parce qu'ils ne vivent pas ma chair ni ma terre, et que je trouve illégitime sinon scandaleux que certains me pronon­cent coupable d'islamophobie depuis des capitales occidentales et leurs ter­rasses de café où règnent le confort et la sécurité. Le tout servi en forme de pro­cès stalinien et avec le préjugé du spé­cialiste: je sermonne un indigène parce que je parle mieux que lui des intérêts des autres indigènes et postdécolonisés. Cela m'est intolérable comme posture. je pense que cela reste immoral de m'of­frir en pâture à la haine locale sous le

verdict d'islamophobie qui sert aujourd'hui aussi d'inquisition. je pense que c'est honteux de m'accuser de cela en restant bien loin de mon quotidien et celui des miens.

L'islam est une belle religion selon l'homme qui la porte, mais j'aime que les religions soient un chemin vers un dieu et qu'y résonnent les pas d'un homme qui marche. Ces pétitionnaires embusqués ne mesurent pas la consé­quence de leurs actes sur la vie d'autrui.

Cher ami, j'ai compris aussi que l'épo­que est dure. Comme autrefois l'écrivain venu du froid, aujourd'hui l'écrivain venu du monde dit «arabe» est piégé, sommé, poussé dans le dos et repoussé. La surinterprétation le guette et les mé­dias le harcèlent pour conforter qui une vision, qui un rejet et un déni. Le sort de la femme est lié à mon avenir, à l'avenir des miens. Le désir est malade dans nos terres et le corps est encerclé. Cela, on ne peut pas le nier et je dois le dire et le dé­noncer. Mais je me retrouve soudaine­ment responsable de ce qui va être lu se­lon les terres et les airs. Dénoncer la thé­ocratie ambiante chez nous devient un argument d'islamophobe ailleurs.

Est-ce ma faute? En partie. Mais c'est aussi la faute de notre époque. C'est ce qui s'est passé pour la tribune sur « Colo­gne». je l'assume mais je me trouve dé­solé pour ce à quoi elle peut servir comme déni d'humanité de l'Autre. L'écrivain venu des terres d'Allah se trouve aujourd'hui au centre de sollici­tations médiatiques intolérables. je n'y peux rien mais je peux m'en soustraire: par la prudence, comme je l'ai cru, mais aussi par le silence comme je le choisis désormais.

je vais donc m'occuper de littérature et, en cela, tu as raison. J'arrête le journa­lisme sous peu. je vais aller écouter des arbres ou des cœurs. Lire. Restaurer en moi la confiance et la quiétude. Explo­rer. Non pas abdiquer, mais aller plus loin que le jeu de vagues et des médias. je me résous à creuser et non déclamer.

J'ai pour ma terre l'affection du désen­chanté. Un amour secret et fort. Une passion. J'aime les miens .et les cieux que j'essaye de déchiffrer dans les livres et avec l'œil la nuit. je rêve de puissance, de souveraineté pour les miens, de cons­cience et de partage. Cela me déçoit de ne pas vivre ce rêve. Cela me met en co­lère ou me pousse au châtiment amou­reux. je ne hais pas les miens, ni l'homme en l'autre. je n'insulte pas les raisons d'autrui. Mais j'exerce mon droit d'être libre. Ce droit a été mal interprété, sollicité, malmené ou jugé. Aujourd'hui, je veux aussi la liberté de faire autre chose. Mille excuses si j'ai déçu, un mo­ment, ton amitié cher Adam.

Et si je rends publique cette lettre aujourd'hui, c'est parce qu'elle s'adresse aux gens affectueux de bonne foi comme toi.Et surtout à toi. •
Created by Readiris, Copyright IRIS 2009
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écrivain est lauréat du prix
du premier roman Meursoult
" (Actes Sud, 2014)C

                article de Adam Shatz, que nous publions ci-con­tre. Les deux hommes échangent sur le débat suscité par deux récentes tribunes de fantas­mes », est parue dans Le Monde le 5 février, après avoir été diffusée par le quotidien ita­lien Là'Re.e.ubblica et le magazine suisse L'Hebdo. Le second article a été publié dans le New York Times du 14 février.
Ces deux textes portaient sur les agres­sions sexuelles de masse commises la nuit du 31 décembre à Cologne, dont les auteurs présumés seraient des migrants. Kamel Daoud soulignait ainsi dans Le Monde les «fantasmes " que révèle le débat sur la nuit de Cologne. Il s arrêtait tout d'abord aux réactions occidentales. ou deux lectures s'af-
__ ~,l'une tentée par l'angélisme. l'autre par la diabolisation. Kamel Daoud renvoie dos à dos la gauche et la droite (ainsi que l'ex­trême droite), qui refusent, selon lui, de pen­ser pleinement les événements. Contre ces idées préconçues, il demande que l'accueil ne soit pas seulement une procédure admi­nistrative, mais soit complété par une dé­marche d'accompagnement culturel. quitte « à partager, à imposer, à défendre, à faire comprendre» des valeurs, afin d'aider les mi­grants à sadapter a un nouvel espace où les femmes ne sont pas déconsidérées, comme elles le sont dans le monde arabo-musul­man. Car Cologne est le triste rappel du fait que la femme y est « niée, refusée, tuée, voi­lée, enfermée ou possédée », «Le sexe est la plus grande misère dans le "monde diUlah': A tel point qu'il a donné naissance à ce porno­islamisme dontfont discours les prêcheurs is­lamistes pour recruter leurs "fidèles", descrip­tions d'un paradis plus proche du bordel que de la récompense pour gens pieux,fantasme des vierges pour les kamikazes, chasse aux corps dans les espaces publics, puritanisme des dictatures, voile et burqa. »

SILENCE MÉDIATIQUE
Il a poussé plus loin cette réflexion dans le New York Times. Il y affirmait: «Aujourd'hui, avec les derniers flux d'immigrés du Moyen­Orient et dilfrique, le rapport pathologique que certains pays du monde arabe entretien­nent avec la femme fait irruption en Europe. Ce qui avait été le spectacle dépaysant de ter­res lointaines prend les allures d'une confron­tation culturelle sur le sol même de l'Occi­dent. Une différence autrefois désamorcée par la distance et une impression de supério­rité est devenue une menace immédiate. Le grand public en Occident découvre, dans la . peuret l'agitation, que dans le monde musul­man le sexe est malade. »
Le 12 février, un collectif de chercheurs lui répondait dans les colonnes du Monde. Ils l'accusaient d' « alimenter les fantasmes is­lamophobes d'une partie croissante du pu­blic européen ». Il réduirait également « un espace regroupant plus d'un milliard d'ha­bitants et s'étendant sur plusieurs milliers de kilomètres à une entité homogène, définie par son seul rapport à la religion ». Kamel Daoud aurait en outre le tort de présenter les réfugiés comme « culturellement ina­daptés et psychologiquement déviants », ils devraient « avant toute chose être réédu­qués ». Ce « paternalisme colonial» permet­trait de « conditionner l'accueil de personnes quifuient la guerre et la dévastation ».
Dans une tout autre affaire, un imam sala­fiste, Abdelfattah Hamadache Zeraoui; a pro­noncé une fatwa à son encontre le 16 décem­bre2014, appelant il son « exécution»,
L'écrivain fait aujourd'hui le choix du si lence médiatique, près de vingt ans après
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PAR ADAM SHATZ
Cher Kamel, il y a quelques jours, une amie tunisienne m'a envoyé une tribune parue dans Le Monde. Ce texte portait la signature de plusieurs universitaires que je connais. Des universi¬taires un peu bien-pensants, c'est vrai, mais, quand même, des gens qui ne sont pas tes adversaires - qui ne devraient pas être tes adversai¬res. Le ton de la lettre m'a dérangé. Je n'aimais pas le style de dénoncia¬tion publique, un style qui me rap¬pelait un peu le style gauche-sovié¬tique-puritain. Et tu dois savoir qu'en tant qu'ami je ne signerai pas de telle lettre contre toi, bien que je ne partage pas du tout les opinions que tu as exprimées dans cet article, et par la suite, même plus féroce¬ment encore, me semble-t-il, dans la tribune du New York Times.
Pour moi, c'est très difficile d'ima¬giner que tu pourrais vraiment croire ce que tu as écrit. Ce n'était pas le Kamel Daoud que je connais et dont j'ai fait le portrait dans un long article. Nous avons beaucoup parlé des problèmes de sexe dans le monde arabo-musulman quand j'étais à Oran. Mais nous avons aussi parlé des ambiguïtés de la « culture » (mot que je n'aime pas) ; par exem¬ple, le fait que les femmes voilées sont parfois parmi les plus émanci¬pées sexuellement. Dans tes écrits récents, c'est comme si toute l'ambi¬guïté dont nous avons tant discuté, et que, plus que personne, tu pour¬rais analyser dans toute sa nuance, a disparu. Tu l'as fait de plus dans des publications lues par des lecteurs oc¬cidentaux qui peuvent trouver dans ce que tu écris la confirmation de préjugés et d'idées fixes.
«TOMBER DANS DES PIÈGES»

Je ne dis pas que tu l'as fait exprès, ou même que tu joues le jeu des « im¬périalistes ». Non, je ne t'accuse de rien. Sauf de ne pas y penser, et de tomber dans des pièges étranges et peut-être dangereux. Je pense ici surtout à l'idée selon laquelle il y aurait un rapport direct entre les événements de Cologne et l'isla¬misme, voire 1'« islam » tout court.
Je te rappelle qu'on a vu, il y a quel¬ques années, des événements simi¬laires, certes pas de la même am¬pleur, mais quand même, lors de la parade du Puerto Rican Day à New York. Les Portoricains qui ont alors molesté des femmes dans la rue n'étaient pas sous l'influence de l'islam mais de l'alcool...
Sans preuve que l'islam agissait sur les esprits de ces hommes à Co¬logne, il me semble curieux de faire. de telles propositions, et de suggé¬rer que cette « maladie » menace l'Europe ... Dans son livre La Maladie comme métaphore (Christian Bour¬gois, 2005), un ouvrage devenu un classique, Susan Sontag démontre que l'idée de « maladie » a une his-


toire pas très reluisante, souvent
liée au fascisme. Les juifs, comme tu r le sais, étaient considérés comme
une espèce de maladie; et les antisé¬mites d'Europe, au XIXe siècle, à l'époque de l'émancipation, se sont montrés très préoccupés des coutu- ". mes sexuelles des juifs et de la do-. '" mination des hommes juifs sur les
femmes ... Les échos de cette obses- ••
sion me mettent mal à l'aise.

Je ne dis pas qu'il ne faut pas parler de la question sexuelle dans le monde arabo-musulman. Bien sûr que non. Il y a beaucoup d'écrivains qui en ont parlé d'une façon révéla¬trice (la sociologue marocaine Fa¬tima Mernissi, le poète syrien Ado¬nis, même, quoiqu'un peu hystéri¬quement, le poète algérien Rachid Boudjedra) et je sais de nos conver¬sations, et de ton roman magistral, que tu as tout le talent nécessaire pour aborder ce sujet. Il n'y a pas beaucoup de personnes qui peu¬vent en parler avec une telle acuité. Mais après avoir réfléchi, et dans une forme qui va au-delà de la pro¬vocation et des clichés.

Après avoir lu ta tribune, j'ai dé¬jeuné avec une auteure égyptienne, une amie que tu aimerais bien, et elle me disait que ses jeunes amis au Caire sont tous bisexuels. C'est quelque chose de discret, bien sûr, mais ils vivent leur vie; ils trouvent leurs orgasmes, même avant le ma¬riage, ils sont créatifs, ils inventent une nouvelle vie pour eux-mêmes, et, qui sait, pour l'avenir de l'Egypte.

Il n'y a pas d'espace pour cette réa¬lité dans les articles que tu as pu¬bliés. Il n'y a que la « misère » - et la menace que représentent ces misé¬rables qui sont actuellement réfu¬giés en Europe. Comme les juifs le disent pour leur Pâque (et ce que les Israéliens oublient en Palestine) : il faut toujours se souvenir que l'on a été étranger dans la terre d'Egypte.

Kamel, tu es tellement brillant, et tu es tendre, aussi, ça, je le sais. C'est à toi, et à toi seul, de décider comment tu veux t'engager dans la politique, mais je veux que tu sa¬ches que je m'inquiète pour toi, et que j'espère que tu réfléchiras bien à tes positions ... et que tu retourneras au mode d'expression qui. à mon avis, est ton meilleur genre: la litté¬rature.

J'espère que tu comprendras que je t'écris avec le sentiment de la plus profonde amitié.

Adam Shatz est un essayiste
et journaiiste américain. Il contribue
la London Reviev« of Books.
En il un long
portrait de Kamel Daoud dans le" New York




4/16/2016

McNamara Terminal Ground Opps Coffee Machine

This is a somewhat political note, but cultural at the same time.
En revenant de l'Allemagne, ou les migrants bien recu, j'ai eu ce sentiment.  "C'est horrible que les arabes ont recu un tellement bein lavage de la tete par les medias occidenteaux, qu'ils ont transforme leur meurs en arriere, vers les pires habitudes des incultes payennes qui existait en Europe avant la transmission des moeurs civilizes des orients (nettoyage avec savon, parfun, se bien laver apres les toilettes, proprete du sol et de l'environnement).  On pourrais meme voir que le message de l'islam, selaver 5 fois, enlever ses chaussures quand on entre dans un endroit propre, etait un cri de garder l'esprit de proprete de l'empire romain, avec ses "hammams."  C'etait ces arabes, avec les da'is - marchands fatimite (shiite) qui ont ramenee de l'Azhar (qui etait fonde pour etre un universite de da'i de femmes!) les coutumes, et les sciences.
Mainteanant le message du prophete et est corrompu, on a mal compris au sujet du la proprete..."


4/08/2016

Cafe de Flore, Paris Cafe Ethiopien et dattes Mazafati de Bam, Iran

Rien de mieux que les dattes fraiches Bio importes d'Iran, maintenant que les sanctions contre l'Iran sont un peu moins durs.
Nothing better that the fresh organic dates from Iran, now that the sanctions against Iran are a little less severe.
ما احسن من رتب الايران، مادام العقوبات ضد الايران اصبحت اقل شديدا باقليل





Ronde, charnue, fondante, gorgée de douceur et d’énergie, cette variété ne se trouve qu'a Bam.
Le palmier lui-même est différent des autres espèces.  Il pousse a 1200 m d'altitude sur le haut plateau iranien.