mon photo du 30/9/2016 -- lien au site Internet du Cafe Sacher
Gerard Briard, "a la manivelle" dans charlie hebdo du 21/10/2016. copie OCR-optical character resolution, tres vite; priere d'accepter mes excuses 3011.
COMÉDIE À L'ITALIENNE
Le maire d'Amatrice, Sergio Pirozzi, aura tenu au moins une de ses promesses - ce qui, pour
un élu italien, est notable. Il a porté plainte contre Charlie Hebdo. Très
fâché contre les dessins de Coco et de Félix, le premier citoyen de la ville sinistrée par le tremblement de terre
du 24 août a déposé plainte la semaine dernière pour" diffamation aggravée». Une accusation un peu curieuse, la polémique hystérico-médiatico-politique qui a enflammé l'Italie au sujet de nos dessins portant davantage sur la notion d'offense au bon goût. Il reste donc
à savoir si la justice italienne jugera
cette plainte recevable. D'autant qu'elle
a déjà beaucoup de travail, et qu'elle
ne manquera pas d'occasions, dans le cadre dudit travail, d'entendre le maire d'Amatrice, justement. Car la poussière des immeubles écroulés était à peine retombée que, déjà, on se posait beaucoup de questions.
La lecture des journaux italiens avait d'ailleurs ces dernières semaines quelque chose d'assez comique. Tandis que les éditorialistes rivalisaient d'indignation à propos des" clichés» que véhiculeraient nos dessins, d'autres journalistes suivaient l'enquête des magistrats du "pool anttcorruption » chargés, dès le lendemain du séisme, de mettre au jour ce qui pourrait éventuellement se cacher sous les gravats d'Amatrice - c'est qu'en Italie, depuis le feuilleton sismico¬judiciaire de UAquila, qui se termine d'ailleurs en queue de poisson pour cause de prescription, on prend les devants.
Ce qui donnait un peu l'impression que ces éditorialistes outrés ne lisent pas
les journaux dans lesquels ils écrivent ...
Ainsi, le 27 août, trois jours après le séisme, on pouvait lire dans la Repubblica des déclarations sans ambiguïté du
. ., .
L
des déclarations sans ambiguïté du procureur de Rieti, Giuseppe Saieva, qui a ouvert une enquête pour homicide
involontaire: "Ce qui
est arrivé ne peut pas être seulement le fruit
de la fatalité. Si les édifices avaient été construits comme au Japon, ils ne se seraient pas écroulés. [ ... ] Je pense qu'ils ont été
construits à l'économie, en utilisant plus de sable que de ciment. » Le Corriere
della Sera, lui, publiait le témoignage qu'un secouriste volontaire sur place, ingénieur de profession, avait posté sur Facebook, assorti de photos de maisons anciennes tombées en poussière, aux murs d'origine faits de pierre et de chaux, puis" restaurées» avec de lourds toits en béton armé: "Imaginez que vous construisez un château de sable, que vous posez dessus une énorme brique, et que vous secouez. »
Plus problématique encore, le cas de certains bâtiments aujourd'hui
en ruine, alors qu'ils étaient censés être, légalement, parmi les plus sûrs de la ville. Selon les normes en vigueur, chaque municipalité doit se doter d'un plan
de secours d'urgence qui tient compte
des "caractéristiques du territoire», notamment des risques sismiques, et qui liste les terrains et les édifices pouvant servir de refuge en cas de sinistre.
Parmi ces édifices, on trouve l'école élémentaire Romeo Carpanica, qui, bien que "réhabilitée» en septembre 2012, s'est écroulée, et l'hôtel Roma, qui a
servi de cimetière à ses clients. Le plan de protection civile de la municipalité d'Amatrice date du 30 juin 2012. Or,
en 2012, Sergio Pirozzi était déjà maire d'Amatrice depuis trois ans ... Ce plan a donc été approuvé par lui. Tout comme les permis de construire, de réhabilitation ou de mise aux normes des immeubles. Sans oublier les procédures d'appels d'offres, et les attributions de contrats qui s'ensuivent ...
Bref, il apparaît que, alors que la région est classée à « très haut risque» par tous les sismologues, les travaux
de mise en conformité ont été faits en dépit du bon sens ou tout simplement pas faits du tout. Une affaire un peu plus grave -.et meurtrière - qu'une bête histoire d'outrage supposé à l'élégance satirique ... !II
Une ville,
un maire ... et quelques
monstres
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